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Chenilles processionnaires : la lutte est repartie

Avec la fin de l’hiver les chenilles processionnaires du pin descendent des arbres pour s’enfouir sous terre, environ à 15 cm de profondeur, pour se transformer en chrysalides puis en papillons. A cause du changement climatique cette descente se fait de plus en plus tôt et il est grand temps d’intervenir.  

Processionnaire de pin
Dans un nid il peut y avoir 250 chenilles. Image par Marc Pascual de Pixabay

Bientôt partout en France

La chenille processionnaire est apparue en France dans les années 70 autour de la Méditerranée et depuis elle ne cesse d’étendre ses colonies vers le nord de la France. Avec le réchauffement climatique toute la France sera bientôt affectée par ce fléau. En décembre 2023, l’Agence nationale de sécurité sanitaire ANSES a publié un rapport sur le risque lié à l’exposition des populations par commune. Le but était d’adapter les mesures de prévention et de lutte à appliquer sur le terrain.

A cause des hivers de plus en plus doux les chenilles survivent plus facilement dans les nids, ayant besoin d’une température de 9°C à l’intérieur en journée et de 0°C la nuit.

Ce sont surtout deux espèces de ce Lépidoptère, le processionnaire de pin ‘Thaumetopoea pityocampa’ et le processionnaire de chêne ‘Thaumetopoea processionea’ qui représentent aujourd’hui un risque sanitaire et environnemental.

distribution de la processionnaire du pin en France
Carte de distribution de la processionnaire du pin en France métropolitaine, montrant sa progression vers le nord et en altitude depuis la fin des années 1980, ainsi qu’un certain nombre de populations isolées installées au-delà du front (source : Lannou et al., 2023).

Menace pour la santé humaine, animale et végétale

Le danger vient des poils extrêmement urticants qui contiennent une protéine toxique. Ces poils sont projetés en l’air lorsque la chenille se sent menacée. Les poils étant très volatils ils peuvent se déposer partout, y compris sur des vêtements ou chaises. C’est pendant la période de procession en fin d’hiver que le risque est le plus élevé. C’est à ce moment là que les chenilles descendent des arbres pour s’enfouir dans le sol où elles vont effectuer leur nymphose.

Chez l’homme le contact avec la protéine toxique peut provoquer des plaques de boutons ou des problèmes respiratoires, la plupart du temps bénins. Si les micro-poils touchent l’œil et ne sont pas retirés rapidement cela peut avoir de graves conséquences.

Chez des personnes fragiles ou ayant des antécédents allergiques importants, la piqûre peut aller jusqu’au choc anaphylactique.

Les animaux domestiques qui lèchent une piqûre ou l’insecte risquent une nécrose de leur langue s’ils ne reçoivent pas rapidement un traitement.

Les deux espèces de processionnaires ont aussi un impact sur les pins et les chênes. En se nourrissant des feuilles ou des aiguilles de leurs plantes-hôtes ils peuvent provoquer des dégâts importants de défoliations. Les arbres sont affaiblis et plus exposés aux ravageurs secondaires, tels que les insectes xylophages.

Zoom
Les soies urticantes (ici la chenille processionnaire du chêne) libèrent des toxines lorsqu’elles pénètrent dans l’épiderme et/ou la muqueuse de l’homme ou de l’animal. Image par LeeleeUusikuu de Pixabay

Moyens de lutte

Pour lutter efficacement contre les chenilles processionnaires il faut connaitre leur cycle de vie et combiner différentes méthodes selon le stade de développement.

Cycle de vie processionnaire de pin
Les périodes de procession peuvent fortement varier selon les aléas climatiques et les régions biogéographiques. Source https://fredon.fr

Favoriser la présence des prédateurs naturelles :

Les œufs, les larves et les chrysalides peuvent faire l’objet de prédation par des espèces d’insectes (éphippigères, fourmis) ou d’oiseaux (coucou, huppe fasciée, mésanges). Les adultes peuvent quant à eux être mangés par des oiseaux et des chauves-souris.

Mesange et nid de chenille
La mésange est le plus grand prédateur naturel de la chenille processionnaire. Source https://www.lamesangeverte.com/

Installer des pièges à collier :

En mettant en place des éco-pièges avant que les chenilles descendent de leur nid en file indienne (janvier à fin mars en fonction du climat) permet de les piéger dans le sac de récupération et les détruire.  Le piège doit être installé à minimum 2 mètres d’hauteur et le tube de descente orienté sud. Attention, cette technique ne convient pas aux processionnaires de chêne.

ECOpiege
La collerette autour du tronc de l’arbre infesté intercepte les chenilles et les dirige vers un sachet rempli de terre.

Utiliser des pièges à phéromones :

Cette méthode consiste à attirer les papillons mâles, grâces aux phéromones, et les capturer dans un piège. Les pièges doivent être installés tous les 25 mètres dès la fin du printemps. Attention, cette technique ne fonctionne pas pour les processionnaires de chêne.

Piege-suspendu
En disposant les pièges en hauteur (5 mètres) l’efficacité est 2 à 3 fois plus important qu’à 2 mètres.

Prélever et détruire les nids d’hiver :

dès octobre, les nids sont bien visibles, placés à l’extrémité des branches. Le prélèvement de nids se fait de préférence après une nuit fraîche pour piéger un maximum de chenilles.

Nid
Les nids coupés doivent être détruits par incinération. Image par Barbara de Pixabay

Mon expérience

Quand nous avons déménagés à Pibrac il y avait un grand nombre de nids dans le pin et le cèdre. La première action consistait à les couper et les brûler. Je confirme que les nids sont ultra résistants. Il convient de le couper en deux pendant qu’il brule pour bien atteindre les chenilles.

Nous avions ensuite installé des éco-pièges et capturé des chenilles descendantes du pin la première année.

Ce qui a particulièrement bien fonctionné c’est le piège à phéromone. Nous capturons chaque année un bon nombre de papillons mâles et nous n’avons plus de nid depuis.

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