Éco-Paysagiste – Des idées à la pelle

Le paillage – on y a beaucoup à gagner et peu à perdre

Le paillage
Le foin est vraiment un paillage polyvalent et multi-usage, facile à se procurer, relativement économique et efficace en paillage pour le jardin

Pourquoi pailler

Dans la nature le sol est toujours couvert (hormis les roches ou les déserts). Et comme souvent, il suffit d’observer et imiter la nature pour développer de bonnes pratiques d’éco-jardinage.

Alors pour couvrir le sol différentes options s’offrent à nous : le paillage, les plantes couvre sol ou l’engrais vert. Je parlerai ici uniquement du paillage; les plantes couvre sol et l’engrais vert méritent un article à part.

Les avantages du paillage sont nombreux 

  • Il protège le sol de la battance (effet de destruction et de désagrégation des sols et de formation de croûte), du lessivage (effet de transport de particules solides) et de la lixiviation (effet d’extraction et transport des particules solubles). Grâce au paillage le sol garde ses éléments nutritifs et sa capacité de recevoir l’air et l’eau.
  • Le paillage permet de maintenir l’humidité du sol en réduisant l’évaporation et constitue un tampon thermique (diagramme ci-dessus). C’est donc un excellent moyen de réduire l’arrosage.
  • Les adventices poussent beaucoup moins.
  • En se décomposant le paillage organique fournit de la matière organique au sol. Ainsi le complexe argilo-humique du sol est enrichi et sa fertilité augmentée.
  • La décomposition du paillage organique est aussi propice au développement des micro-organismes. Ce sont eux qui rendent les éléments nutritifs (des engrais et amendements) disponibles par leur travail de digestion (la minéralisation).
Graphique température du sol en fonction du paillis
Source : Thèse d’Antoine Findeling

Les inconvénients sont peu nombreux 

  • La majorité des paillages organiques initient les faims d’azote (même s’il y a certains remèdes, plus d’info en bas de l’article).
  • Le paillage empêche et limite le réchauffement des sols à la sortie de l’hiver. Bon nombre de graines demande une certaine température pour germer et le paillage peut être contraire.
  • Certains paillis augmentent l’acidification des sols (par ex : les BRF de résineux).
  • Les poules adorent le paillage et le retournent systématiquement.
  • Le paillage peut occasionner des rétentions d’eau et peut selon le type de sol provoquer des asphyxies (notamment sur les terres argileuses ou la percolation est très lente).

Types de paillages

Je listerai ici uniquement des paillages organiques sachant qu’il existe bon nombre de paillages minéraux (ardoise, galets, gravier, puzzolane…). Ces paillages se dégradent peu avec le temps et peuvent avoir un beau rendu visuel dans un jardin d’ornement. Par contre ils n’aident pas à régénérer la fertilité du sol et favoriser son activité biologique et ont tendance à emmagasiner la chaleur (bien adapté aux plantes de rocaille ou des succulentes).

Concernant les paillages organiques il faut évidemment privilégier dans un jardin écologique ceux qui sont disponibles à proximité et veiller à la provenance des paillages achetés en commerce.

Comment pailler

La terre doit être parfaitement désherbée car le paillage n’est pas un désherbant, il permet d’empêcher la pousse des adventices.

Il faut toujours choisir le paillage en fonction des plantes et en fonction de sa durée de vie. La bonne épaisseur se situe, en règle générale, entre 5 et 7 centimètres.

Veillez à ne pas enterrer le collet des plantes sous le paillage : il s’agit de la partie qui sort de terre. C’est un lieu d’échange important et l’enterrer risque d’étouffer votre plante.

Tableau types de paillage

Quand pailler

Tout dépend du type de sol et de la météo. Le paillage peut se pratiquer toute l’année mais les deux périodes les plus propices au paillage sont le printemps et l’automne.

Au printemps : Le paillage sert à garder l’humidité dans le sol et à limiter le désherbage en freinant la croissance des mauvaises herbes. Il s’effectue selon la météo quand la terre est déjà un peu réchauffée et n’a pas encore souffert de la sécheresse. On pourra ensuite ajouter de l’épaisseur pendant l’été.

À l’automne : Le paillage d’automne se fait avant les gelées pour préparer le jardin pour l’hiver et de protéger les végétaux des grands froids tout en assurant une fertilité élevée du sol au printemps.

La faim d’azote et comment y remédier

L’azote est indispensable aux plantes, il agit sur le développement des tiges et des feuilles. Le dépôt sur le sol de matière organique fraîche (tous les paillis nommés ainsi que le compost mal décomposé ou le fumier frais) va engendrer une faim d’azote : les champignons et les bactéries qui vont « digérer » et décomposer la fraction carbonée de l’apport ont besoin d’azote assimilable pour cela : C’est dans le sol que ces micro-organismes vont puiser l’azote minéral qui leur est nécessaire. Cet azote n’est momentanément plus disponible pour les plantes, qui souffrent alors de carence.

Quelques solutions existent pour éviter une faim d’azote :

  • Apporter de l’azote au sol quelques jours avant d’installer le paillage : compost (10 l/m²) (bien mûr !) ou fumier bien décomposé (10l/m²).
  • Epandre un engrais biologique comportant de l’azote (corne broyée 40 à 80 g /m²) ; ou appliquer avec parcimonie des fientes de volailles.
  • Epandre un purin d’ortie ou de consoude sur le paillage.
  • Planter auparavant des légumineuses qui stockeront dans leur nodosité de l’azote et le libèreront pour la décomposition du paillage,
  • Pailler au bon moment : A la fin du printemps ou au début de l’été ou à l’automne.
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