Éco-Paysagiste – Des idées à la pelle

Les saints de glace, la lune rousse et la neige du coucou

Les saints de glace
Photo de Nikola Tomašić sur Unsplash

Saints de glace : quatre messieurs et une dame

Les saints sont issus des dates de naissance d’anciens évêques et martyrs des 4e et 5e siècles : Saint Mamert (11 mai) ; Saint Pancrace (12 mai) et Saint Servais (13 mai).

Différents pays ont des versions légèrement différentes de la mythologie des saints de glace, ainsi en Alsace, en Allemagne et en Pologne on a ajouté deux saints supplémentaires aux trois premiers : Saint Boniface (14 mai) et Sainte Sophie (15 mai).

Les jours de fête se réfèrent au calendrier julien et ont été déplacés lors de la réforme du calendrier en 1582. Ainsi, les Saints de glace des 11, 12 et 13 mai du calendrier julien correspondraient en fait aux 16, 17 et 18 mai de notre calendrier actuel. Toujours bien connus et redoutés en Europe mais pas sur le reste de l’hémisphère Nord, ils ont été remplacés par Estelle, Achille, Rolande, Matthias et Denise dans le calendrier.

Il y a de nombreux dictons concernant les saints de glace : « Attention, le premier des saints de glace, souvent tu en gardes la trace. » ; « Saints Pancrace, Servais et Boniface apportent souvent la glace. »

Les Saints de glace, sont-ils toujours d’actualité ?

A l’époque où les prévisions météorologiques n’existaient pas, les règles paysannes comme les Saints de glace étaient particulièrement importantes. Grâce à eux les paysans pouvaient planifier les cultures et les récoltes de manière assez fiable. 

A l’heure du changement climatique et du réchauffement de la planète, les Saints de glace pourraient être considérés comme dépassés. Sur l’ensemble du XXe siècle, les épisodes de gel n’étaient pas nombreux et l’année dernière les températures s’approchaient plutôt de la barre de 25 degrés que du zéro degré.

Fleur de cerisier
Les dégâts du gel en 2022 sur une fleur de cerisier ©Daniel Chaptal
Bourgeon de lagerstroemia
Les dégâts du gel en 2022 sur un bourgeon de lagerstroemia ©Daniel Chaptal

Malgré tout, un épisode d’air froid peut survenir dans les 15 premiers jours du mois de mai et peut avoir des effets dévastateurs sur l’agriculture et pour les cultures fruitières si le printemps était plutôt chaud avant. Outre les saints de glace, la situation géographique joue également un rôle important lorsqu’il s’agit de trouver le bon moment pour la plantation. Dans certaines régions, le climat est plus rude et le risque de gel peut même durer jusqu’à la fin du mois de mai. En plus du gel il y a le risque des orages de grêle. Nous avons malheureusement vu les dernières années que les dommages peuvent être importants.

Jeune pousse de framboisier
Les dégâts du gel en 2022 sur une jeune pousse de framboisier ©Daniel Chaptal

En plus du gel il y a le risque des orages de grêle. Nous avons malheureusement vu les dernières années que les dommages peuvent être importantes.

Et la lune rousse dans tout ça ?

Un autre phénomène redouté par les jardiniers est la lune rousse. Il s’agit de la nouvelle lune qui suit Pâques, cette année la lune rousse débute le 20 avril 2023 et se termine 29 jours plus tard, le 19 mai 2023. Pendant cette période, les risques de gelée sont encore forts, surtout si la nuit le ciel est clair et on voit la lune briller. La perte de chaleur en fin de nuit est donc plus importante, car la couverture nuageuse ne remplit plus son rôle de conservation de la chaleur accumulée dans la journée. S’il gèle même superficiellement le tissu des jeunes plantes est affecté et les végétaux prennent un aspect brûlé. C’est cette couleur rousse qui a donné naissance au terme lune rousse.

La lune rousse
Photo de Martin Adams sur Unsplash

La neige du coucou

En moyenne une année sur deux il neige encore début mai dans certaines régions montagneuses. Cette dernière neige de saison est appelée « la neige du coucou », car elle tombe après l’arrivée de cet oiseau migrateur. L’expression est née dans la région du Jura et des Vosges. Ensuite elle s’est répandue dans d’autres régions vallonnées, comme le Gers.

Mieux vaut prévenir que guérir

Que ça soit la lune rousse ou les Saints de glace, il n’y a pas de mal à observer attentivement la météo, à faire preuve de bon sens et à prendre quelques précautions :

  • Les plantes fragiles doivent être placées dans des endroits protégés, par exemple contre le mur de la maison, et peut-être avoir une place dans des bacs et des jardinières qui peuvent être déplacés temporairement dans la maison ou l’appartement en cas de gel, si nécessaire.
  • Couvrir les pots pour protéger les racines. Il n’est pas nécessaire d’acheter un couvre-plante spéciale, vous pouvez le faire avec des linges de votre maison.
  • Mettre une couche de paillage sec, BRF ou feuilles pour protéger la base de la plante. C’est un excellent moyen d’isoler le sol et de le garder au chaud et confortable pour les plantes lorsque le gel tombe. Il faut juste laisser un peu de place autour de la tige pour que la chaleur monte et réchauffe les feuilles.
  • Redoublez de vigilance les jours plus doux, car si le ciel est très clair en fin de journée, le risque de gel est plus grand. Les plantations doivent alors être protégées le plus possible.
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