L’enjeu des prairies
Depuis quelques temps on voit par-ci et par-là fleurir des prairies à la place du gazon anglais tristement homogène. Beaucoup moins gourmand en eau et en entretien, ces espaces nous donnent en plus l’impression d’être à la campagne.
Ces prairies ne sont pas seulement esthétiques, mais aussi économiques, car une fois installées elles ne demandent que très peu d’entretien. C’est en termes de biodiversité que les prairies fleuries jouent vraiment un rôle essentiel, puisqu’elles offrent ressources alimentaires et refuge pour de nombreux insectes pollinisateurs (abeilles, papillons, bourdons et syrphes). Cette publication explique l’impact de la gestion des prairies sur les peuplements d’orthoptères en Europe.
Un peu de terminologie
On peut distinguer les prairies par type du sol (acidophile, neutrophile, calcicole), par l’humidité du sol (hygrophile, mésophile, xérophile) ou par provenance des graines (horticole ou sauvage).
Ensuite, on peut différencier la prairie fleurie de la prairie permanente ou prairie naturelle. Cette dernière constitue un terrain en herbe qui n’a été ni labouré ni ensemencé. Elle se développe seule et n’a pas besoin d’entretien.
Dans les mélanges de semences qu’on achète on doit veiller à qu’elles contiennent des fleurs sauvages et messicoles. Le terme messicole désigne les plantes compagnes des cultures de céréales et sont pour la plupart des plantes annuelles, qui germent à l’automne après le semis des céréales d’hiver. Elles ont une longue histoire commune avec les hommes, arrivées en Europe à la faveur de l’expansion de l’agriculture. Un guide technique pour « Préserver la flore sauvage des milieux ouverts à vocation agricole » a été publié en 2022 par le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées.
Labels et provenances des semences
Beaucoup des mélanges qu’on trouve dans les commerces promettent un résultat esthétique mais ne sont ni durables ni favorables à la biodiversité. Une grande partie des espèces sont horticoles, donc souvent stériles ce qui signifie qu’il faut renouveler les semis tous les 2 à 3 ans. Les plantes sauvages ne sont pas seulement aussi spectaculaires mais aussi pérennes et résistantes aux maladies et parasites locaux. En parallèle, ces plantes sauvages représentent une ressource précieuse pour la faune.
Pour trouver un mélange de graines d’espèces sauvages adaptées au type de sol, à l’exposition à la lumière et à la faune indigène le label « Végétal local » (qui a intégré le label « Vraies messicoles » en 2020) est une aide précieuse. Il permet de repérer les fournisseurs de messicoles sauvages. Ces deux labels ont été créés en 2014 suite à un appel à projet du Ministère de l’Ecologie dans le cadre de la Stratégie nationale pour la biodiversité. Ils s’appliquent à tous les végétaux indigènes (non horticoles), issus de prélèvements durables dans le milieu naturel et ils doivent être rendus indispensables pour toutes fournitures et mise en œuvre.
Comment réussir sa prairie fleurie ?
- Bien choisir l’emplacement : Il doit présenter une diversité végétale faible et être compatible avec l’implantation d’une prairie fleurie qui ne sera coupée que deux fois par an.
- Bien préparer le terrain : Désherber l’espace en question et ne pas apporter de l’engrais ou du compost.
- Semer au bon moment : L’automne est idéal pour semer la prairie, car les graines sont mieux implantées et subissent les températures fraîches de l’hiver parfois indispensables à leur développement. Les espèces annuelles et vivaces vont développer tout de suite après les rigueurs de l’hiver, l’occupation des vivaces laissera très peu de place pour les invasions extérieures. En cas d’un semis printanier certaines vivaces qui ont besoin de vernaliser n’apparaitront que l’année suivante.
- Mélanger les graines à du sable fin bien sec : Ainsi on obtient un volume plus important et pouvoir disperser les semences d’une façon homogène.
- Respecter la densité recommandée : En général on prévoit 2 à 5 g par m2. Ensuite il est conseillé de recouvrir le semis d’une fine couche de terre ou de paillage.
- Tasser avec un rouleau : Ceci permet de bien fixer les semences au sol. En temps sec on peut arroser en pluie très fine.
- Faucher une à deux fois par an : Soit fin juin/début juillet et mi-octobre, soit une seule fois en septembre. Il est important d’évacuer les déchets de fauche. Afin de protéger la faune auxiliaire il est recommandé de faucher en mosaïque, c’est-à-dire partager les grandes parcelles en petites et les faucher à des périodes différentes afin de maintenir des zones refuges.